RONE – Spanish Breakfast

Qui est ce rookie qui sort de nulle part et dont la musique dispose d’assez de culot pour faire concurrence à la fois à Agoria, Slam et Laurent Garnier? Repéré sur le petit label Curle, il rejoint InFiné avec un premier EP angélique qui remet les cadrans solaires à l’heure. Erwan Castex écrit et compose de la musique pour des court-métrages, spectacles et publicités, jusqu’à ce qu’il intéresse nos lecteurs cd et platines vinyles avec une personnalité sonore drôlement mature et précoce au vu du nombre de galettes qui composent sa discographie. La meilleure façon de le découvrir est sans doute le titre Spanish Breakfast, un morceau rêveur qui prend tout son sens lorsque l’on regarde la vidéo réalisée par un nouveau génie de l’animation française Vladimir Mavouna-Kouka. Ce trip couleur pastel est effectivement une introduction représentative de cette utopie techno qui se poursuit avec Belleville, en conservant cette profondeur mélancolique, le genre de truc moelleux que l’on écoute avec un lever de soleil devant les yeux au dessus de ce quartier de Paris. Avec Aya Ama comme bande-son, on embarque sur une montgolfière qui monte jusqu’à ce que les nuages nous fouettent les joues. La métaphore semble un peu forcée, mais je vous laisse imaginer la sensation.

On l’a bien compris, Rone maîtrise les subtilités d’une deep techno oubliée. Avec notre truffe de mélomane, on sent qu’il peut faire mieux et s’élever sur des échafauds electronica, c’est chose faite avec l’aperçu Interlude In The Bed, suivi de près par le timide Poisson Pilote. L’écrivain français sci-fi Alain Damasio fait un speech révolté sur les notes acides de Rone. Et après l’aérien Tasty City égal au début de l’album, le jeune artiste s’en va titiller notre sens du groove avec La Dame Blanche, sorte de The Man With The Red Face tribal sur lequel vAdrien Roch se lâche sur son sax. L’outro aide à sortir de cette rêverie en révélant un nouveau talent qui s’invitera sur les meilleurs plateaux électroniques cette année…