Interview: Egor Boss

Interview: Egor Boss

Egor Boss

Egor Boss, artiste déjà avec une notoriété acquise dans les pays de l’Est, en pleine ascension sur la scène internationale, signe sa prochaine sortie sur le label français Signaletik Records. A l’occasion de cette sortie prévue pour la fin de ce mois, il nous accorde une interview décryptage, tant sur son travail que sur la scène musicale des anciens pays de l’URSS.

Pourrais-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs qui ne te connaitraient pas encore?
D’abord, bonjour à tous! Mon nom est Egor, je suis un DJ et producteur originaire de Kiev en Ukraine. Je travaille dans le milieu de la musique électronique depuis 2006. Si quelqu’un est intéressé d’en savoir plus à mon sujet, il peut me retrouver sur Facebook, MySpace, Twitter, SoundCloud et bien d’autres sites encore.

Egor BossComment est née ta passion pour la musique électronique?
C’est une histoire assez drôle en fait, parce qu’aussi loin que je me souvienne, j’étais fan de rock. J’avais un groupe à l’école et je jouais de la guitare. Mes groupes favoris étaient Led Zeppelin, Deep Purple, Iron Maiden, Medadeth et bien d’autres. Je peux juste dire que je détestais réellement la musique électronique à cette époque. Mais un jour, un de mes amis m’a invité à une soirée de musique électronique underground dans ma ville, je ne voulais pas y aller mais il a réussi à me convaincre. Et c’était comme l’explosion d’une bombe… Tout a changé dans mon esprit cette nuit-là.

Tu as vraiment démarré ta carrière sérieusement en 2006. Depuis, tu as déjà produit plus de quarante vinyles et sorties digitales. C’est plus de dix sorties par an. Comment peux-tu produire autant et surtout où trouves-tu le temps?
Je ne peux pas dire que dix sorties et remixes par an soient tant que ça… Je connais beaucoup de personnes qui produisent deux ou trois fois plus que moi, mais je pense que l’essentiel n’est pas de produire BEAUCOUP, mais de produire du BON. C’est ainsi que je vois mon travail. Parfois, ça me prend deux trois semaines pour finir un titre, j’essaie de faire tout ce que je peux pour qu’un titre sonne comme j’ai envie. Ce n’est pas toujours aussi rapide que l’on peut penser.

Où trouves-tu ton inspiration?
Mmm… Question intéressante… Je voudrais dire partout et tout le temps. Une bonne soirée peut m’inspirer, certaines choses dans ma vie privée, la musique produite par d’autres groupes ou artistes, même si ce n’est pas de la musique électronique. Je suis toujours un rockeur dans l’âme. Et si vous écoutez de la musique rock, vous pouvez y trouver beaucoup d’idées que vous pouvez utiliser dans la techno par exemple.

Dans ton processus créatif, par qui es-tu influencé? Et d’où viennent-ils?
Waouh! Je peux vraiment parler très longtemps sur cette question. Il y a beaucoup de bons artistes pour le moment, je peux écrire un livre pour tous les mentionner. (Rires). Je vais essayer de donner les noms les plus important qui me viennent à l’esprit: Chris Liebing et son label C.L.R., Speedy J, Jérôme Sydenham, Joey Beltram, Dubfire, Paul Rich, Alan Fitzpatrick et bien sûr Richie Hawtin. Je peux nommer encore beaucoup d’autres, mais ces derniers ont vraiment eu le plus d’influence sur moi. Si faut vraiment résumer, je dirais que la plupart sont d’Allemagne (ou produisent sur des labels allemands). La techno allemande et le son minimal sont très proches de mes goûts.

Pour parler de la création en soi, quelles ont été les différentes étapes dans la création de cette sortie, Needles & Fibers EP?
C’est relativement difficile de me souvenir quelles étaient les étapes, mais je vais essayer. Je peux dire que le premier titre qui est apparu, était Needles & Fibers. J’aimais vraiment ce que j’avais fait et je pensais que je devais produire un équivalent à ce titre pour les sortir tous les deux. C’est comme ça que Blackwind est né. Loaded a été produit un rien plus tard, mais après l’écoute des trois titres, j’ai décidé qu’il devait sortir sur le même EP.

Et d’où viennent les titres de tes différents morceaux? Needles & Fibers, Blackwind et Loaded?
C’est la question la plus difficile. (Rires). Je n’ai pas réfléchi pendant des jours à propos des noms pour être honnête. J’ai juste essayé de donner des noms qui représentent l’atmosphère et l’idée du morceau. Pour Needles & Fibers, c’est une histoire un peu différente, le titre est dédié à un de mes amis proches, Andrei Fiber. Il est aussi DJ et ukrainien. Il a commencé le DJ-ing longtemps avant moi, ainsi sa musique et son style ont eu une grande influence sur moi.

En général, quelle approche as-tu de la musique et de son univers?
La chose essentielle, c’est qu’en vieillissant, j’ai commencé à diviser la musique en seulement deux groupes: la bonne et la mauvaise. Si c’est pour parler de moi, c’est: ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Ce n’est pas important quel style ou quel artiste c’est. La musique devrait donner des émotions, des idées, des moments de plaisir et je ne fais aucune différence entre une techno folle de Chris Liebing ou certains titres pop de Michael Jackson.

Egor BossL’industrie de la musique est de plus en plus internationale. Tu es ukrainien, tu as déjà collaboré avec des labels canadiens, italiens et allemands. Que penses-tu de tout ça?
Je peux dire que des portails comme MySpace, Facebook et SoundCloud ont effacé les frontières pour les musiciens. Pour sortir ta musique sur un label international, tu dois avoir deux choses : des bonnes productions et une connexion Internet rapide (rires). C’est tout. Si tu penses à des labels importants, des connexions personnelles sont aussi essentielles bien sûr.

Maintenant, tu es sur un label français, Signaletik Records, avec ton dernier EP, Needles & Fibers. Comment est-ce arrivé?
Quand j’avais préparé tous les titres, la question essentielle était de savoir où les sortir. Un de mes amis m’a donné le contact du label. J’aimais bien les artistes de ce dernier et leurs productions sont très proches de mon style. Je suis donc heureux que le label ait aimé mes démos et de pouvoir commencer à travailler avec eux. Je suis sûr que ce ne sera pas le dernier EP d’Egor Boss sur Signaletik Records.

Ils t’ont également proposé deux remixes de tes titres, un par Electric Rescue, l’autre par le duo Guillom & Benales? Es-tu satisfait du résultat? Aimes-tu l’approche qu’ils en ont eue?
Pour à 100%! Les deux remixes sont vraiment biens et apportent une autre vision par rapport aux originaux. Je ne peux pas dire que j’aime plus les originaux ou les remixes, je vais donc sûrement jouer les deux. Et c’est vraiment un plaisir d’avoir été remixé par un artiste qui produit pour Cocoon ou Harthouse… Je parle d’Electric Rescue.

Pour la composition, quel équipement utilises-tu? Hardware, software, les deux? Quel modèle ou quelle version?
J’ai un chouette studio à la maison à Kiev avec des moniteurs KRK, une interface son E-Mu, un casque Beyerdynamic, mais pour créer, c’est principalement mon Mac avec Logic 9 et beaucoup de synthétiseurs virtuels et effets. J’ai quelques plans pour recevoir des composants hardware, mais pour le moment, j’utilise juste la puissance des technologies numériques. Si je dois nommer mon instrument favoris, je dirais les produits Native Instruments, la Kreate Library par Speedy J, Rob Papen Predator et LinPlug CronoX.

Comment décrirais-tu ton son? Quel est ta « touche personnelle »?
Je le décrirais en trois mots : groovy, sombre et hypnotique. C’est mon style! (Rires)

Parlons un peu de « l’histoire ». Ton pays, l’Ukraine, a été longtemps sous l’influence communiste. Quand l’Ukraine est devenue « libre », une forte scène est apparue dans certains des anciens satellites de l’URSS. Que penses-tu de tout ça?
C’est vraiment cool que la musique électronique ait pu apparaître sur notre territoire après 1991. J’étais enfant à cette époque mais je suis toujours intéressé d’entendre les histoires des DJ plus vieux qui ont commencé le mouvement ici. Il y avait des énormes raves clandestines à cette époque avec la police, les drogues et tout le reste. Pour 2010, je ne pense pas que nos scènes diffèrent beaucoup pour les Européens. Nous avons des bons clubs, des bons guests chaque semaine, des bons DJ et producteurs. Peu d’entre eux sont connus dans le monde mais c’est une question de peu de temps.

Egor BossEt avant cette « libération », y avait-il déjà une scène underground?
J’avais cinq ans en 1991, je peux donc dire avec certitude que je n’ai pas pris part à ce mouvement underground. (Grands éclats de rires)

Raconte-nous un peu à quoi ressemblent la scène électronique et la culture dans ton pays.
Il y a certaines bonnes choses et certaines mauvaises choses aussi. Commençons par le mauvais. Je ne pense pas que le clubber ukrainien est affamé de musique intellectuelle. Ils ont besoin de GRANDS noms dans une soirée ou bêtement de la musique simple. Par exemple, beaucoup de gens sont émerveillés par le set de Richie Hawtin à Kiev cet été, mais je suis sûr que si un gars sans le grand nom voudrait jouer ça, presque tout le monde détesterait. Les gens essaient de comprendre la musique plus élaborée quand une star la joue, et juste parce que c’est une STAR. C’est une honte de ne pas comprendre la musique.
Les bonnes choses sont que nous avons beaucoup de jeunes artistes talentueux maintenant, ils jouent ensembles avec des grands noms dans les clubs de Kiev ou d’autres villes et apprennent ainsi beaucoup à leurs contacts.

Quels sont tes projets pour le futur?
J’organise des soirées mensuelles dans un des meilleurs clubs de l’Europe de l’Est, le Forsage. Les soirées s’appellent eMotional. J’organise ça avec mon ami Spartaque. Nous avons invité un grand nombre d’artistes intéressants comme Alex Bau, Gary Beck, Andrea Bertolini, Style Of Eye et bien d’autres. J’essaie aussi maintenant d’avoir des booking à travers le monde et plus seulement en Ukraine et en Russie. Et l’occupation principale reste la production. Comme toujours, je travaille sur mes nouveaux titres pour le moment et je suis sûr que vous allez les entendre très bientôt!

Voudrais-tu collaborer avec quelqu’un en particulier?
OUI! Je t’ai dit les artistes qui m’ont influencé, et avec les principaux, je voudrais faire quelque chose. Je peux apprendre beaucoup de ces derniers, et peut-être peuvent-ils apprendre quelque chose de moi… je l’espère.

En guise de conclusion, une petite question classique. Quel est ton Top5 ou Top10 et sans importance de style?
Comme tous les DJ, j’ai mon Top, je ne vais donc pas te raconter quel titre je voudrais à la radio, mais te donner mon chart 100% techno. Cela ressemblerait à ceci :
1. Terrence Fixmer – Echoes [Electric Deluxe]
2. Kevin Gorman – Shakey Stripped [Mikrowave]
3. Gary Beck – Standing On My Foot (Par Grindvik Remix) [Sleaze]
4. Roland M. Dill – Low Go [Trapez]
5. Pascal Mollin – The Elephant (Pan-Pot Remix) [Touched Recordings]

As-tu un dernier mot pour les lecteurs?
Bon! Je veux juste souhaiter que tous vous gardiez un esprit ouvert pour la bonne musique. Soyez vous-même partout, c’est la seule façon d’être une PERSONNE. Merci beaucoup et à bientôt!

Merci pour cette interview et de ton temps.

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About author: Sultan El Turrah

Founder and owner of TheClubbing.com / Document electronic music since 1999.

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