Interview: Felix Cage (Borderline Corp.)
Interview: Felix Cage (Borderline Corp.)
Depuis quelques semaines, le collectif Borderline Corp. anime les dimanches soir bruxellois au The Maquee. Une occasion de faire un état des lieux du projet, de la nuit bruxelloise et un portrait d’un des initiateurs du projet, Felix Cage.
Bonjour Felix, tu es à la fois résident et porte parole de Borderline Corp. Avant toute, pourrais-tu nous expliquer le concept de Borderline Corp.? Qui êtes-vous?
Bonjour! Borderline Corp. est un collectif de cinq amis DJ et producteurs bruxellois épaulés par un graphiste, un webdevelopper et un chargé de communication. Une famille en quelque sorte 😉
Mais Borderline Corp. c’est avant tout une envie commune de partager une sensibilité musicale différente de la majorité des clubs bruxellois. Nous venons tous d’univers musicaux différents, mais partageons une façon de rechercher une musique qualitative et de la jouer. C’est un peu notre façon de dire « merde » au conformisme commercial et nous permettre de jouer ce qu’on aime vraiment sans réelles concessions.
Comment l’aventure est-elle née? Comment vous vous êtes tous rencontré?
On se connait tous depuis longtemps mais Arnaud et moi projetions de lancer quelque chose ensemble depuis un moment. Après quelques discussions avec Guillaume, Mathias et Quentin, nous avons conclu qu’un projet commun était la meilleure chose à faire pour arriver à ce que nous voulions.
Pour l’anecdote, le projet a vu le jour en juillet dernier, sur une pelouse au bord d’une piscine. Très vite on s’est distribué les tâches mais il a fallu plus d’un mois pour tomber d’accord sur le nom…
Depuis peu, vous organisez des soirées le dimanche soir à Bruxelles, une soirée traditionnellement réservée aux soirées holebi. Est-ce une volonté de proposer autre chose? Combler un manque de la scène bruxelloise?
Les deux. Pour un Bruxellois voulant sortir le dimanche, boire un verre avec de la bonne musique, le choix est limité: soirées holebi ou sortir hors de Bruxelles. On voulait proposer une alternative. Et puis la scène bruxelloise manque de diversité. On voulait aussi apporter une soirée différente des grosses soirées du vendredi ou samedi par son ambiance et sa direction musicale.
Vous misez essentiellement sur des talents locaux accompagnés de temps à autres par des guests à la carrière plus internationale. Vous désirez maintenir l’approche locale et conviviale de l’évènement?
Oui. The Marquee, le club qui nous accueille chaque dimanche, s’y prête parfaitement. C’est assez personnel et convivial. On se retrouve déjà tous assez souvent dans des lieux impersonnels les autres jours. Et c’est une occasion de voir nos amis, de faire des rencontres en écoutant de la bonne musique.
Comme, nous le disions, vous faites aussi venir des guests plus internationaux, si tu avais une carte blanche complète, quels artistes aimeriez-vous faire venir dans tes concepts?
Ouf…! La liste serait longue, surtout si nous donnons tous nos préférences. Pour ma part, je commencerais par la clique de BPitch Control, Apparat et Trentemoller. Mais MANDY, Booka Shade, Dubfire, Guy Gerber, François K et Ben Watt seraient aussi sur la liste. J’ajouterais bien Royksopp, pour le plaisir, sans savoir comment faire entrer tout leur matos live au Marquee.
Petite question plus généraliste et moins en rapport avec votre concept. Mais d’après toi, pourquoi la nuit bruxelloise est-elle si peu active en dehors des vendredis et samedis soirs par rapport à d’autres capitales de l’Union Européenne?
Bruxelles est une petite capitale, ce qui amène des inconvénients pour la diversité des sorties et le « pool » de la clientèle est limité. Les boites de nuits doivent générer des bénéfices et les gens suivent les leaders d’opinions. Pourquoi prendre le risque de changer une équipe qui gagne? Le changement présente toujours des risques.
Nous avons aussi pu voir que visiblement les défis ne vous font pas peur. D’autres projets en perspective?
Ca c’est sur! Je dirais même que nous sommes un peu maso au fond de nous. Blague à part, nous avons beaucoup de projets mais la priorité est à la production avec deux sorties prévues prochainement sur des labels conséquents. Je ne les citerai pas tant que ce n’est pas officiel mais ça va dans le bon sens. Nous allons plus que probablement avoir une émission radio sur Bruxelles et une autre sur une web radio de taille. Nous nous apprêtons également à jouer hors de Bruxelles dans les prochains mois, nous avons quelques surprises pour les dimanches et d’autres events de plus grande envergure en collaborations avec nos amis de Play Label et notre partenaire AM:PM.
Tu es également DJ résident du concept. Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir DJ mais aussi vers la musique électronique? Au début, tu étais plutôt attiré dans pop-rock de la scène russe.
La pop-rock, c’était il y a longtemps. J’ai découvert la house belge puis petit à petit un mélange de styles plus large. Ayant acquis une certaine expérience, j’ai voulu partager ce que j’aime avec les autres. Je pense que c’est principalement parti de là.
Des artistes comme Paul Kalkbrenner, Trentemöller ou Röyksopp, t’ont largement influencé. Qu’est-ce qui t’attire chez eux?
Leurs sons! Chacun d’eux possède une identité sonore unique qui les démarque de la masse des producteurs. Ils osent expérimenter et privilégient leur instinct aux tendances globales. De plus, ce sont des personnages atypiques au charisme particulier. C’est agréable de les voir jouer.
Plusieurs releases sont également en préparation ainsi qu’un live. Peux-tu nous en dire quelques mots?
J’ai composé quelques dizaines de maquettes pout déterminer et définir mon son. A partir de là, j’ai pu commencer deux nouvelles compos, aujourd’hui entre les mains de différents labels et prêtes à voir le jour. Après écoute, Tim Resler, producteurs d’expérience sous différents pseudonymes m’a proposé de remixer un de ses morceaux qui devrait sortir en France dans les prochaines semaines. Nous avons également fait un morceau ensemble prévu pour un gros label hollandais, mais superstition oblige, je divulguerai les détails quand tout sera confirmé. En soirée, je préfère jouer live ou live/dj set, mais il faut pas mal de tracks pour assurer un live versatile et qualitatif. Je compose d’arrache-pied, mais soyez patients car je ne veux pas bâcler ce travail préparatoire. Mon live/dj set sera prêt plus tôt avec Traktor en 4 pistes contrôlées en midi. Dans cette configuration je pourrai réinterpréter mes morceaux en live et personnaliser mon set de loops, samples et mélodies de ma création ou non. A mon sens, cette approche offre plus créativité qu’un DJ set classique, mais requiert beaucoup plus de préparation.
Merci du temps que tu nous as accordé pour cette interview. As-tu un dernier mot pour nos lecteurs?
La curiosité n’est pas un vilain défaut! Cultivez sans cesse votre ouverture d’esprit, évitez les jugements catégoriques mais soyez toujours critique. Merci à vous.