Autechre – Oversteps

Apparemment c’est une coutume chez Warp Records. Comme Squarepusher ou Aphex Twin, plus l’artiste est rare et difficile à approcher, plus l’imagination déborde. Vu leur carrière, Autechre est bien placé pour en parler. Depuis 1992, le duo propose des albums et EPs qui vont au bout de leurs idées, aussi expérimentales soient elles, pour le plus grand bonheur de leurs fans qui se retrouvent chaque fois avec un truc nouveau à se mettre sous la dent. Après trois albums très difficiles d’accès (voire parfois inaudibles) Sean Booth et Rob Brown font un espèce de retour aux sources avec Oversteps qui, comme d’habitude, reflète leur manie de pousser les machines pour en sortir un matériau sonore concret et solide qu’on pourrait presque croquer.

L’intro Ress est profondément ambient, presque malsaine devant cette pluie de micro-détails. Comme sur leur indétrônable Incunabula, l’accent est mis sur les mélodies, comme l’electronica mystérieuse de Qplay, l’intelligent Pt2ph8, ou le cristallin See On See, le genre de BO à se faire devant une aurore boréale (excusez pour le cliché). Autechre prend son temps et fait évoluer les morceaux sans précipitation, mais en calant des détails au millimètre (Os Veix 3 ou les cloches de O=0). A l’image de Krylon, purement ambient avec ses notes qui volent dans tous les sens pour construire une harmonie aléatoire, le disque est globalement posé, downtempo, en dépit de quelques sursauts comme le dark et saturé Ilanders. Le métallique Known joue avec les textures, construisant une mélodie froide qui semble vivante en tentant désespérément de sortir de sa cage. Red Fall édifie des décors annonciateurs de catastrophe puis prend l’auditeur aux tripes en maintenant la tension jusqu’au bout.

Tout ça pour dire qu’Autechre est définitivement un groupe moteur d’une époque qui prétend déjà avoir tout vu, musicalement parlant.