Saycet – Through The Window

Saycet – Through The Window

Saycet - Through The Window - MVS Records

Après Fedaden, Malnoïa et plus récemment Chapelier Fou, la scène française voit émerger des artistes electronica qui font vivre le compromis entre pop et IDM, en d’autres termes de la musique expérimentale mais qui reste largement accessible. Saycet a déjà sorti un album, One Day At Home, un peu vite zappé malgré des apparitions sur la compil CQFD des Inrocks ou Indétendances de la Fnac. Pierre Lefeuvre s’intéresse aux pionniers Brian Eno et Steve Reich et ce sens des mélodies se répercute dans ses productions, alors qu’en live, Zita Cochet y ajoute une dimension visuelle très pure. Sur le morceau d’introduction 15, des clicks surplombent une mélopée empreinte d’une beauté rare. Définitivement, Saycet remue le même terreau musical que Boards Of Canada ou Ansatz Der Maschine, des groupes qui aiment tailler l’electronica dans un bloc de cristal, des sculptures d’où jaillissent des bruissements aiguisés qui ne font que frôler et caresser les tympans.

Sur Easy, la mesure monte d’un étage grâce à la voix en coton de Phoene Somsavath qui ne faisait que chuchoter ou lancer quelques voyelles sur le premier album. Ici, sa voix occupe une place prépondérante et cette puissance émotionnelle s’illustre le mieux sur Opal, véritable Everest de l’album, où des notes de piano glaciales se brisent au contact des cliquetis, un combo qui ferait presque chialer ma mère. On pourrait aussi les comparer à Sébastien Schuller pour leur capacité à ouvrir bien grandes des vannes chargées en émotions comme lorsque les sons et les mots se perdent dans une spirale confusément gracieuse sur We Walk Fast. Vous me trouvez peut être un peu poète pour le coup, mais ce genre d’album splendide donne envie d’écrire des vers ; le côté répétitif et intensément hypnotique de Her Movie n’est pas sans rappeler le maître Apparat et même si le schéma se répète (Sunday Morning), les montées restent irrésistibles, sans oublier quelques moments de calme comme A Night With Trees, pièce classique finale qui fait concurrence directe à The Cinematic Orchestra. Superbe!

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