TY – Special Kind Of Fool

Plus de douze ans aujourd’hui que TY (prononcez Tee-Why) parfume la scène hip-hop de son esprit soul et de son flow charismatique. Special Kind Of Fool est son quatrième album studio, le premier chez la légendaire structure BBE, parce qu’il le vaut bien. Sans dynamiter les codes du hip-hop (même lorsqu’il était chez Big Dada), le britannique conserve un charme à l’ancienne et une moiteur actuelle, un consortium qui fait ses preuves à chaque titre entre des instrumentations rafraîchissantes co-produites par Drew Horley et une prestance indéniable derrière le micro. Ce sont sans doute ses collaborations hétéroclites qui le rendent aussi à l’aise sur n’importe quel beat, qu’il s’agisse du fantastique batteur afro-beat Tony Allen, des ambassadeurs du rap populaire De La Soul, de l’expérimentateur chevronné Doctor L ou des gourous de la pop-dance Basement Jaxx.

Toujours est il que même en “solo” il se démerde bien. Solo entre guillemets puisque chaque morceau a droit à son featuring (vocaliste ou musicien), une manière d’éviter la monotonie, risque courant dans les albums urbains où le même timbre de voix sort des enceintes pendant une heure. Avec Corey Mwamba, il introduit l’album sur Don’t Cry, manifeste organique aussi sensuel qu’un bon Marvin Gaye. Le disque se développe sous forme de contes hip-hop, bercé par le nu-funk (Wait), la soul la plus sexy (Heart Is Breaking), arrangements auto-bronzants (Get To The Sky), instrus épiques (Little Star), quelques sécrétions mainstream (Emotions) et rythmiques poids lourds (I Get Up). Avec ces poésies qui tournent autour de références culturelles ironiques, sous-entendus politiques, vie quotidienne et sentiments humains, TY s’offre ici de bons arguments à dérouler sur scène sans faillir à sa réputation de showman dynamique!