Pigeon John – Dragon Slayer

Avec son chapeau rond, ses vêtements funky, son visage de cire et ses allures de piège à groupies, Pigeon John a de quoi énerver sur la pochette. Sans le côté ‘icône-pseudo-revival-soul-que-tout-le-monde-aime-bien’ d’un Ben L’Oncle Soul, Pigeon John a au moins deux atouts de taille sur le papier. Premièrement, il porte l’étiquette Quannum Projects, label poule aux œufs d’or du hip-hop, et deuxièmement, Dragon Slayer est la première sortie labellisée Elektriks Collection. En d’autres termes, écouté, produit et approuvé par le claviériste fou General Elektriks. A partir de là, le risque est minimisé. Rien de révolutionnaire à l’horizon, mais Pigeon John fait sa cuisine hip-hop bluesy sans chercher le tube parfait, et ça suffit pour proposer un disque plus qu’agréable et riche en influences. 

Même s’il signe facilement des musiques de pubs ou de films, l’américain reste humble et garant d’un son de qualité en utilisant pour la première fois en cinq albums de vrais instruments plutôt que des samples ou une MPC. Avec The Bomb, Pigeon John envoie du speed-funk façon Andre 3000, mêlant claviers descendus du grenier et paroles fédératrices, tout pour faire taper des mains machinalement. Le crooner fait plus que du simple rap : il signe des ballades peu conventionnelles dans le genre, comme le folklorique Buttersoft Seats, ou le psyché Dude, I’ts On. Pigeon John s’est fait les dents au mythique Good Life Café au début des années 90, avec pour parrains Kurupt ou Jurassic 5. Il affiche alors un charisme aussi évident que naturel sur ce disque qui, de réputation, risque de faire mal en live. On a effectivement hâte de voir en 3D des morceaux comme le jazzy et simplet Rock Bottom Again, un To Do List plein d’humour, l’énergie rock’n roll distordue et hyper efficace de Hey You ou le superbe Before We’re Gone qui combine hip-hop et folk avec une facilité énervante…