Lucy – Wordplay For Working Bees

Lucy, actif depuis 2007 en tant que producteur, démarre l’année 2011 sur les chapeaux de roues avec l’arrivée de son premier album Wordplay For Working Bees qui est également le premier album de Stroboscopic Artefacts, son propre label. Luca Mortellaro, de son vrai nom, surprend d’autant plus que réussir un album « Techno » n’est sûrement pas la chose la plus aisée qu’il soit et un bon nombre d’artistes ont parfois lamentablement échoué à cet exercice. Mais trêve de préambule, posons directement le contexte. Wordplay For Working Bees est un album sombre, très sombre, avec une approche dark techno qui s’était avérée très rare ces derniers mois, pour ne pas dire années, mais cette approche est faite avec subtilité et raffinement qui fait qu’à aucun moment on ne tombe dans les travers du genre et donne même un résultat d’une richesse incroyable. A l’écoute, il nous suffit de fermer les yeux pour sentir toute l’influence de Berlin, parfois pousser à l’extrême, au travers de ces 11 titres. L’album nous plonge dès le titre d’ouverture, Thear, dans un univers froid et métallique, parfois oppressant. La sensation qui se dégage de ce titre, comme de l’ensemble de l’album, n’est pas que l’artiste cherche à nous ouvrir au monde mais au contraire à nous pousser à nous ouvrir à nous-mêmes. Telle une séance chez la psychologie, cet album nous oblige à nous interroger sur nos désirs profonds et fait ressortir au grand jour les pulsions enfouies au plus profond de nous. L’univers angoissant de Tof n’est d’ailleurs que le début de ce voyage angoissant vers les abysses les plus sombres. Mais heureusement pour notre santé mentale, l’album regorge aussi de quelques tracks plus légères comme le brouhaha musical de Eis ou l’orgue trituré de Mas. Après ce périple introspectif, Lucy se devait de nous accompagner dans la phase de réveil (ou de retour dans notre monde quotidien) et nous offre ainsi le « anormalement » léger et lumineux titre Ter.