Osunlade – Pyrography

On en est presque certain, Osunlade ne fera jamais mieux que Paradigm, album majeur de la scène house lorsqu’elle brillait encore de toutes ses paillettes. L’afro-américain est à lui seul le microcosme de son propre label Yoruba Records (voir la dernière compilation en date), combinant musique traditionnelle et électronique, un lieu de rencontres musicales où l’on peut croiser Salif Keita ou Cesaria Evora. Osunlade nous avait laissé quatre ans sans album à manger et il sort aujourd’hui son sixième bébé, qui n’apportera manifestement rien de bien sérieux au genre. Si son minimalisme tribal a du mal convaincre, il a le mérite de proposer une démarche artistique qui donne à elle seule l’envie de se plonger dans Pyrography. Il s’associe à Scott Marr qui utilise d’anciennes méthodes de pyrogravure pour alimenter un magnifique livret où chaque morceau possède sa « peinture de feu ». Cette magnifique pochette que vous voyez et son petit bouquin ne suffisent malheureusement pas à encenser entièrement cet album qui comporte quelques évidentes fautes de goût à l’image de Pheramones qui se veut minimal tout en étant terriblement ennuyant, ou le hip-hop percussif Trinity Ov Me qui exploite mal son potentiel, ne laissant à l’auditeur aucune prise pour s’accrocher. Ça ne s’arrange pas sur ManOWirdz, victime des dangers de la traduction, puisque des paroles bidons en français plombent une instru pourtant pas dégueulasse. Osunlade a pourtant des cordes bien tendues à son arc : I’m Happy semble libéré de toute contrainte, tapissant le monde de bonnes vibes, rejoint par le métallique Idiosyncracy qui tente un écart de style plutôt bien négocié. Avec Ser Al Santisimo, l’odeur du soleil reste collée aux parois nasales et le groove caractéristique de la jolie pièce afro-jazz Yeku Yeku empêche définitivement le navire de sombrer, laissant tout de même de l’eau jusqu’aux genoux…