Interview: Anthony Rother
Interview: Anthony Rother
De passage dans nos contrées avec un arrêt à l’ICC de Gand, une des figures déjà emblématiques de l’électronique nous accorde un entretien.
PussySelektor: Bonjour Anthony, très heureux de te rencontrer! Tu étais au Fuse il y a quelques mois et ce soir à Gent pour cette soirée dédiée à l’électro et organisée par Spacid. Que penses-tu de la scène belge et des clubbers belges?
Anthony Rother: C’est un public très bon, la dernière fois au fuse fut fabuleuse même si l’ambiance était plus techno qu’electro (à l’exception de mon live bien sûr!), mais c’était de la techno de haute qualité avec des DJ résidents excellents. J’ai passé une soirée formidable et j’ai hâte d’y retourner. La soirée de ce soir est définitivement dédiée à l’électro et les gens se sont déplacés pour ça, en plus ils sont venus nombreux! C’est très cool, les gens se fédèrent de plus en plus pour ces soirées ces dernières années et les médias suivent aussi.
PussySelektor: Tu es très inspiré par Kraftwerk, dont je suis également un grand fan, et tu as eu la chance de travailler avec Karl Bartos. Comment cela s’est il passé?
Anthony Rother: Ce fût génial, Karl connaît tellement de choses sur tout, sur l’électro en général, les sons, le business également. Il a voyagé dans le monde entier et possède une multitude de contacts. Il fut de très bon conseil pour ma musique, ça reste un très grand moment dans ma carrière, inoubliable!
PussySelektor: Quel est ton album favori de Kraftwerk?
Anthony Rother: Ca dépend de mon humeur, ce soir je dirais Electric Café et Computer World bien sûr! Cet album est tellement inspiré, tellement dark, tellement…
PussySelektor: Sexy?
Anthony Rother: Oui c’est exactement ça, DARK & SEXY! Tu sais ma musique est dark mais quand je la joue en club, avec cette atmosphère si spécial, ce n’est pas si dark car les gens rentrent dedans, ils sont tous sur le même beat et ils veulent faire la fête toute la nuit! Je sais que pour beaucoup c’est un moyen d’échapper à la réalité quotidienne. Ma musique colle très bien au sentiment général actuel, elle est dark mais aussi réel, je veux dire qu’elle va parfaitement avec notre réalité!
PussySelektor: Ton label Psi49net a une place de plus en plus importante sur la scène électro. As-tu des news à son sujet pour nos lecteurs?
Anthony Rother: J’ai eu beaucoup de travail avec le label, j’ai reçu énormément de MP3 et de CD et cela m’a pris beaucoup de temps cependant les choses se calment en ce moment. J’aime tellement de styles de musiques électroniques mais le problème est que tu ne dois jamais oublier le facteur risque lorsque tu sors quelque chose de nouveau sur le marché de la musique. Parfois il est très difficile de prendre une décision et de choisir tel ou tel artiste. Il faut garder en tête que tu dois être toujours productif et aller dans le sens de ton label. Cependant les gens sont de plus en plus ouverts, ils achètent de la musique plus difficile, moins commerciale donc je suis confiant! C’est pourquoi nous allons sortir la deuxième partie de notre compilation Welcome To Psi City certainement à la fin de l’année. Ce sera le même concept, nous y travaillons d’arrache pied pour tous les fans et futurs fans!
PussySelektor: En parlant de concept, peux tu m’en dire plus sur les séries Netzwerk?
Anthony Rother: Au départ, c’était juste une petite idée qui accompagnait mes collaborations et nous avons sorti Florida, Europa et Frankfurt, nous allons continuer, ne t’inquiètes pas, les collaborations me font avancer!
PussySelektor: Tu as été élu deuxième « Electronic Live Act » par Groove Magazine et après le show de ce soir je pense qu’ils ont commis une erreur, tu aurais du être premier!
Anthony Rother: C’est toujours sympa d’entendre ça! Il y a tellement de styles dans l’électro, le mien est dark et pas très populaire donc ce fut une énorme surprise, je ne pouvais pas y croire! Je ne suis pas hyper connu à travers le monde, très peu de radios me jouent à part peut-être en Allemagne donc c’est dingue d’être classé second. Je suis très honoré et fier de cette place!
PussySelektor: Tu travailles avec l’agence Cocoon et donc avec Sven Vath, comment est-ce de bosser avec lui comme par exemple sur son album Contact?
Anthony Rother: Je le connais depuis quatre ou cinq ans et nous aimons travailler ensemble, il y a toujours de très bonnes vibes qui ressortent de nos collaborations, c’est très créatif et poilant quand nous sommes en studio mais aussi très professionnel bien sûr! Mais ce que je préfère ce n’est pas le studio mais bien la confrontation avec le public. Quand tu es assez proche d’eux tu sais immédiatement si tes productions sont bonnes ou non. Je me dois de communiquer avec mes fans et futurs fans, ça m’est vital!
PussySelektor: Tu as joué, toujours avec l’agence Cocoon, à I Love Techno, que penses tu de ce type événement?
Anthony Rother: Oui c’était il y a deux ans, je me souviens que j’étais trop loin du public, je ne suis pas habitué à jouer dans des événements aussi importants, je dois encore m’améliorer sur ce point! Ce fut tout de même une très bonne soirée mais il m’a été très difficile de capter l’énergie des auditeurs. De plus, sur scène, il y avait tellement de sons, c’était si massif, mais lorsque j’ai entendu les cris des clubbers j’ai su alors que nous étions connectés.
PussySelektor: Quels sont tes sentiments sur la scène électro actuelle?
Anthony Rother: Il y a énormément de sorties en ce moment, certaines sont mauvaises d’autres non ou alors trop orientées revival 80’s mais c’est bon pour le mouvement et les gens impliqués depuis de nombreuses années. La fusion électro-techno est positive, nous touchons un public plus important et de nouveaux arrivants s’investissent à fond tout comme vous! Les médias sont également beaucoup plus intéressés par notre musique comme pour la techno il y a quelques années, il y a tellement de styles ainsi nous (artistes, journalistes, public,…) avons encore beaucoup de travail.
PussySelektor: Es-tu intéressé par des productions plus orientées techno?
Anthony Rother: Bien sûr mais mon premier amour reste l’électro, ça fait partie de moi, ça vient de mon cœur et de mon âme, je vis pour ça! J’ai travaillé si dur et j’aime quand la musique est plus expérimental moins clubby , si tu vois ce que je veux dire! Je pense à des tracks plus techno lorsque je joue en club mais quand je rentre en studio c’est plus fort que moi je reviens à mon son! Le public commence juste à me découvrir et il rentre bien dedans donc je reste confiant dans mes choix artistiques. Ce fut difficile mais maintenant je sais comment les rendre dingues et comment les faire twister et transpirer toute la nuit!
PussySelektor: Et le djing?
Anthony Rother: Ce n’est pas trop mon truc, je préfère largement faire du live mais ça doit être très cool de jouer ses morceaux favoris mais aussi de jouer de cette manière avec les sentiments du public! J’y viendrai peut-être un jour, qui sait?!
PussySelektor: Tu étais à la Winter Miami Conference cette année, comment était-ce?
Anthony Rother: Les américains sont des cinglés de l’électro, Miami fut très cool tout comme New York City. Beaucoup de gens rentrent également dans le mouvement, il n’y a pas que de la house ou de la disco là-bas comme une majorité d’européens le pensent! Tu serais fou en voyant les événements énormes organisés là-bas et quand je dis énorme ce n’est pas pour rire, ça se rapproche assez des fêtes organisés en Allemagne ou en Belgique.
PussySelektor: Tu as également joué au Rex Club à Paris?
Anthony Rother: Oui en effet et c’était excellent aussi, le public était bon et l’organisation aussi! J’aimerais y rejouer tout comme au Fuse, ces deux clubs se ressemblent beaucoup! Jouer au Fuse fut fantastique, nous avons enregistré mon live et quand je l’ai fait écouter au staff Cocoon nous étions tous d’accord pour en sortir une version CD, j’aurai plus d’infos à ce propos très bientôt. Je pense que nous allons faire une autre date là-bas et j’espère que toi et tes lecteurs seront présents!
PussySelektor: Ne t’inquiète pas Anthony, nous serons là!