Interview: DJ Rolando
Interview: DJ Rolando
Originaire du quartier hispanique de Détroit, Rolando découvre la techno grâce aux émissions de radio de « The Wizard », alias Jeff Mills. Il rencontre Mad Mike et rejoint le label Underground Resistance. Son style tourné vers les musiques latines se démarque des productions techno habituelles. Un de ses premiers EP, produit sous le pseudonyme The Aztec Mystic, co-écrit avec Gerald Mitchell et Mike Banks et intitulé Knights Of The Jaguar EP (UR-049), connaît un succès international en 1999. Il fonde en 2002 avec Gerald Mitchell le label Los Hermanos qui donne une nouvelle dimension à la fusion entre musiques latines et techno. En janvier 2005, DJ Rolando quitte Underground Resistance et Los Hermanos, fait que nous ne manquons pas d’aborder…
TheClubbing.com: Hi Rolando, on a pu te croiser il y a peu a Paris pour une soirée au Studio 287 mais on a peu de nouvelles de toi en Belgique alors comment sonne un set de Rolando aujourd’hui?
Rolando: Un voyage… sûrement de la sweet funky house en balançant quelques classiques de techno dans tout ça, et peut être de l’electro et du nouveau son tout frais…
TheClubbing.com: Après avoir grandi a Detroit qu’on ne présente plus, tu habites l’Europe désormais, es tu amoureux d’un endroit en particulier?
Rolando: Je vis en ce moment avec ma femme a Edinburgh en Ecosse. Alors je pense que je suis obligé de dire que c’est mon endroit préféré! Mais je suis toujours impatient de revenir à Pais, j’adore la France et j’y joue très souvent en fait, l’an dernier j’ai mixé a Strasbourg, Bordeaux deux fois, Lyon, Marseille, Juan les Pins, Brest deux fois également, Toulouse, Montpellier deux fois, et dernièrement c’était la deuxième fois à Paris. Alors qu’en Belgique je n’ai joué que très rarement! Je pense que l’on peut donc dire que la France est mon second chez moi, j’adore l’énergie du public et j’adore votre cuisine!
TheClubbing.com: Rien à voir avec Detroit?
Rolando: Grandir à Detroit est dur, mais pas dans le sens que tu pourrais imaginer. Dans la communauté hispanique, tout le monde est proche et s’entraide, mais pour nous, mes deux frères et mes deux soeurs, ça l’a été encore plus parce que nos parents sont morts quand j’étais encore jeune alors il a fallu que l’on se débrouille et que l’on s’aide les uns les autres. On s’en est bien sorti malgré tout.
TheClubbing.com: La ville de Detroit érige un musée qui vous proclame précurseurs et maîtres de la musique techno toi et d’autres artistes de la ville. Tu fais maintenant parti de l’Histoire… mais que se passe-t-il réellement de nos jours a Detroit?
Rolando: Je ne fais plus parti de la scène de Detroit depuis que j’ai rejoins UR. Mon frère et moi on était plutôt connu mais c’est vrai que c’était encore tout nouveau a l’époque… Tout le monde à bouger à Los Angeles sinon! Le seul truc particulier qui m’est arrivé a Detroit ces dernières années, c’est le Festival maintenant organisé par Kevin Saunderson.
TheClubbing.com: Comment expliques-tu le fait que ta musique soit plus reconnue et fêtée sur certains continents et moins sur d’autres comme les USA?
Rolando: Ce n’est pas vrai! J’ai joué en Asie au Japon, en Indonésie, à Singapour, en Amérique du Sud, au Mexique et en Australie, mais c’est vrai que je n’ai pas encore joué en Afrique. C’est dingue, il connaisse ma musique. Ca me fait toujours halluciné a l’idée qu’un gosse au Brésil sait qui je suis… c’est plus que je n’aurai pu imaginer.
TheClubbing.com: Etant un DJ international, quels sont selon toi les « happening places » pour la musique électronique?
Rolando: C’est souvent des endroits complètement improbables, des petites villes dont on a jamais entendu parler… ils adorent la musique. J’ai par exemple adoré jouer a Opatija en Croatie, Waterford en Irlande, Brest, et une ville minuscule en Ecosse du nom de Bridge of Allan, cligne des yeux et tu la rates, les gens là bas étaient tellement amicaux, incroyable! Alors si tu veux être dans les happening places, j’ai comme l’impression que l’underground est de retour!
TheClubbing.com: Je pense que beaucoup de journalistes t’ont déjà interrogé à ce sujet mais en France et en Belgique, on est plutôt confus concernant ta décision de quitter Underground Resistance. Ce label est parmi les plus respectés dans le monde, et beaucoup de curieux veulent comprendre ce qui s’est réellement passé.
Rolando: Mon temps était venu. J’aurais dû partir des années auparavant mais je ne l’ai pas fait. Le problème est survenu avec l’album Los Hermanos, ils ne m’ont pas consulté pour sa production et ils ont retiré mes droits d’auteurs sur des morceaux que j’avais écrit avec Gerald. Jette un oeil sur le site de www.bmi.com et tu verras ce que j’ai écrit. Ils ont ensuite tenu en otage le label qu’on avait ensemble, Los Hermanos, et ils m’ont remplacé par deux gamins hispaniques de Los Angeles. Je suis en Ecosse et eux à Detroit, ils ont cru que je n’allais pas m’en rendre compte? Non sérieusement, je devenais trop vieux pour que l’on me dise avec qui je peux ou ne peux pas faire des affaires et où je devais mixer, ça m’étouffait. J’ai envie de collaborer avec plein de gens pour qui Mike n’aurait pas voulu mixer… la vie est trop courte. Rappelle toi que Jeff Mills et Rob Hodd ont continué leur chemin…
TheClubbing.com: Cette décision a dû être difficile à prendre, comment vis tu cette séparation maintenant que quelques mois ont passé, c’est parti pour des procès genre Lennon/McCartney, heureusement que tu n’étais pas dans un groupe de rock!
Rolando: Légalement la situation n’est pas encore débloquée mais ce n’est plus qu’une question de temps. Depuis que cette histoire a fait le tour de la presse et du net, je reçois beaucoup de soutien par mail de différents artistes et labels et maintenant j’ai la liberté de travailler avec qui je veux. Toutes les personnes ayant travaillé par le passé avec UR, que ce soit pour une interview ou un remix, ou n’importe quoi d’autre, savent de quoi je parle! C’est un véritable soulagement… un poids de moins sur mes épaules et une chance d’évoluer musicalement.
TheClubbing.com: Vas-tu continuer à véhiculer une image d’artiste tout de même militant ou engagé socialement et politiquement?
Rolando: Hmmm… Ils sont aussi militants que Benny Hill. Et politiquement… ils ont des problèmes avec ceux qui ne sont pas noirs, le point de vue exprimé par Mike n’est pas le mien. Je lis des journaux de qualité et j’aime a croire que j’ai une conscience social.
TheClubbing.com: L’un des autres leitmotivs de Underground Resistance est de rester underground et de ne pas être mis en première page des magazines, est ce que tu compte faire plus de promotion sur ton travail dans les médias pour les mois a venir?
Rolando: Personnellement, j’ai toujours pensé que c’était mauvais d’être trop médiatisé parce que le public se lasse de toi après. Fais toi voir quand tu as quelque chose à dire ou à promouvoir et uniquement dans ce cas.
TheClubbing.com: Es-tu prêt à créer un nouveau label pour sortir tes futurs morceaux? Etre indépendant a l’air difficile en ce moment?
Rolando: Je pense bien lancer un label. Ca a toujours été difficile pour les labels indépendants parce que l’argent n’est pas toujours eu rendez-vous mais j’espère sortir des morceaux sur d’autres labels aussi, pas juste le mien. Je suis ouvert a toute proposition, des petits comme des grands, j’ai déjà reçu des demandes intéressantes des deux, et quand tout sera prêt on verra ce qui se passera.
TheClubbing.com: Quels sont tes projets pour le futur?
Rolando: Niveau Djing, j’ai envie de faire un autre CD mixé j’ai d’ailleurs des morceaux bien juteux à acheter et j’aimerai faire plus de remixs et aussi travailler avec des vieux amis et des nouveaux aussi!
TheClubbing.com: Et une tournée live? C’était aussi ce qu’on attendait du projet Los Hermanos, à quand Rolando derrière des machines plutôt qu’aux platines?
Rolando: Depuis que j’ai quitté UR, je crois que ça va arriver plus tôt que tu ne le crois! Et si je fais un live, je voudrais plus que des machines…